Le cœur a ses raisons que les mouches ignorent : reproduction et agressivité chez les drosophiles
Dans la nature, l’accès à la reproduction est essentiel pour assurer la pérennité des espèces. Divers critères influencent le succès reproducteur des animaux, tels que la taille, la vitesse de développement, la fertilité, la survie, ou encore les comportements de parade nuptiale. Ces critères ont une origine génétique, et toute modification de l’un d’entre eux impacte directement le nombre de descendants qu’un animal peut produire. Par exemple, un animal stérile ne produira aucun descendant, un animal à longue durée de vie aura davantage d’opportunités de s’accoupler, et les comportements de parade nuptiale doivent être correctement exécutés pour attirer des partenaires sexuels.
Cependant, certains comportements influencent le succès reproducteur de manière indirecte : c’est le cas des comportements agressifs. Chez de nombreuses espèces animales, les mâles se livrent à une compétition pour accéder aux femelles, employant des comportements agressifs pour éliminer leurs rivaux. En général, les mâles les plus agressifs sont aussi ceux qui obtiennent le plus souvent l’accès à la reproduction. Malgré cela, les effets d’une dérégulation de l’agressivité sur le succès reproducteur restent encore largement méconnus. Pour explorer cette question, des drosophiles ont été sélectionnées sur la base de leurs comportements hyperagressifs et ont ensuite été étudiées lors de tests de reproduction. Par ailleurs, en exploitant les nombreux outils génétiques disponibles chez la drosophile, les mécanismes génétiques et neurobiologiques régulant les comportements de parade nuptiale ont également été analysés
Ces travaux sont réalisés dans le cadre d’une thèse intitulés « Animaux hyperagressifs et adaptation comportementale : de l’individu à la molécule » financée par l’école doctorale SEVAB et encadrée par Dr Audrey Dussutour et Dr Séverine Trannoy.